Les prothèses mammaire en silicone sont-elles dangereuses? Quelle attitude adopter?



Devez-vous enlever, remplacer ou ne pas remettre de prothèses mammaires?

En France, suite à la polémique concernant le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC), l'Agence Française des Médicaments a purement et simplement interdit les prothèses à parois texturées. Seules les prothèses à parois lisses sont autorisées. Si la France a interdit de nombreuses modèles de marques de prothèses texturées très utilisées (chez Allergan, Arion, Sebbin, Nagor, Eurosilicone, Polytech avec le polyurethane), les autorités ne recommandent pas d'enlever toutes les prothèses interdites mais de surveiller régulièrement les patientes. En effet, le LAGC associé aux prothèses mammaires est une entité clinique très exceptionnelle. cette entité concerne principalement les implants à surface MACRO-texturée. Elle ne doit être recherchée qu'en cas de signe clinique avéré (épenchement péri-prothétique récidivant, rougeur du sein, augmentation de volume du sein, masse perceptible). Un bilan sénologique précis doit être réalisé afin nde précisier la nature de la lésion. Dans près de 90% des cas, cette entité est de très bon pronostic. Elle guérit habituellement par un traitement chirurgical adapté associant l'ablation de la prothèse et de la capsule qui l'entoure.
En 17 ans de pratique, le Docteur DENOEL n'a, jusqu'à présent, jamais rencontré de cas de complications de type lymphome anaplasique à grandes cellules suite à la mise en place de prothèses mammaires. Le risque est extrêment faible mais il est recommandé actuellement d'en informer les patients. 
Les maladies autoimmunes (Syndrome ASIA):
Les très nombreux travaux scientifiques publiés au niveau international et à grande échelle ont UNANIMEMENT apporté la preuve qu'il n'y a pas plus de risque de survenue de ce type de maladies rares chez les patientes porteuses de prothèses mammaires  (en particulier en silicone) que dans la population féminie générale.
QUE RECOMMANDE LE DOCTEUR DENOEL?
1-Il est fortement conseillé de réaliser une surveillance annuelle de vos prothèses chez le Dr DENOEL qui décidera si oui ou non c'est utile de réaliser un examen radiologique (RMN, mammographie ou echographie).
Cette surveillance annuelle est importante (tout comme un contrôle gynécologique chez votre gynécologue). En effet, une rupture récente est facile à opérer. Si la rupture est présente depuis longtemps, la chirurgie est plus complexe car cela peut nécessiter l'enlèvement de la capsule (cicatrice naturelle autour de la prothèse). Cette "capsulectomie" fait souvent saigner avec un risque accru d'hématome et d'infection. Dans ce cas, la remise en place d'une nouvelle prothèse est plus complexe. C'est un peu comme une fuite d'eau. Si on ne règle pas le problème rapidement, les dégâts sont plus importants et les réparations plus complexes.
2-Si vous présentez une rupture de votre prothèse:
Même si vous n'avez pas été opérée par le Dr DENOEL, il vous recevra volontiers à sa consultation. Cependant, il est impératif de vous munir du maximum d'informations sur votre ancienne opération (protocole opératoire, marque des prothèses avec les références et le modèle, protocoles d'examens radiologiques, date opératoire,...). Pour un RDV en urgence, privilégiez internet. Un E-mail est idéal. Le site internet du Dr DENOEL permet d'envoyer des mails.
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La Société Royale Belge de Chirurgie Plastique a réagi suite à l'émission sur la RTBF diffusée en Octobre 2019. Vous pouvez consulter la page afin d'être informée de la situation.

COMMUNIQUE DE PRESSE 16 octobre 2019

Questions la Une : confusion entre risques avérés et maux attribués aux implants mammaires

Ce mercredi 16 octobre, le programme de la RTBF « Questions à la Une » s’est intéressé aux implants mammaires. Parce que beaucoup de fausses nouvelles concernent ce sujet, la RBSPS avait accepté d’êtreinterviewée dans le cadre de ce reportage. En participant au programme, nous avons voulu contribuer à une information correcte et scientifiquement prouvée, dans l’intérêt des femmes qui portent un implantmammaire ou qui l’envisagent.

Malheureusement, il y a eu une certaine confusion entre des affections ou des symptômes ressentis par quelques rares patientes et les faits scientifiques reconnus. Tout cela dans une certaine recherche de sensationnalisme propre lémission. Essayons de remettre de lordre dans tout cela : syndrome ASIA, lymphome LAGC-AIM et migration du silicone, ...

Nos implants mammaires « seraient en fait de véritables bombes dans le corps des femmes ... Toutes les femmes porteuses d'implants mammaires seraient exposées à de graves dangers pour leur santé. Mais les autorités et les associations de chirurgie plastique refusent de reconnaitre l'existence d'une telle maladie. » [sic].

Une théorie soutient que la silicone serait un adjuvant - tel que l’aluminium mis en cause dans lesvaccins- responsable d’un syndrome ASIA1 (Autoimmune Syndrome Induced by Adjuvants), c’est- à-dire d’une stimulation du système immunitaire responsable de maux divers tels que fatigue, difficulté de concentration, troubles du sommeil, inflammation musculaire et articulaire, maladies auto-immunes, ... Des patientes porteuses d’implants en auraient fait la triste expérience. Les implants responsables de maladies auto-immunes ? C’est déjà une longue histoire. Les premiersimplants en silicone ont été placés en 1962. En 1992, par principe de précaution, la suspicion dece lien de causalité a mené à l’interdiction de leur usage aux États-Unis puis en France avant que des études à large échelle ne démontrent le contraire2. En 2001, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (ou Afssaps) puis en 2005, la food and drug Administration (FDA), sont rassurées et reviennent sur leur décision : les implants en silicone sont à nouveau autorisés.La communauté scientifique des chirurgiens plasticiens, dont la RBSPS, reste très attentive etprudente mais à ce jour, aucun lien évident n’a été clairement établi entre les implants et les symptômes rapportés. Rappelons d’ailleurs ici que les silicones sont largement utilisés dans

1 Shoenfeld Y., Agmon-Levin N. “ASIA” – Autoimmune/inflammatory syndrome induced by adjuvants. Journal of Autoimmunity. 2011; 36(1), 48.
2 Janowsky EC, Kupper LL, Hulka BS. Meta-analyses of the relation between silicone breast implants and the risk of connective-tissue diseases. N Engl J Med. 2000; 342(11),781-90.

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d’autres dispositifs médicaux, des cosmétiques, des ustensiles alimentaires, des tétines de bébés, ... La théorie ASIA a été récemment totalement démontée3.

« Le reportage abordait également une autre question : celle des implants mammaires "texturés" (les plus utilisés). Ils viennent d'être interdits aux États-Unis, en France et en Australie, car reconnus responsables du développement d'un type de cancer qui n'existe que chez les femmes porteuses d'implants. Pourtant, ces implants continuent d'être vendus en Belgique. » [sic].

Ce problème du rare lymphome anaplasique à grandes cellules associé à un implant mammaire (LAGC-AIM) est bien connu. Les plasticiens de la RBSPS ont déjà fait quatre communiqués depresse à ce sujet ces dernières années. Nous collaborons étroitement avec l’Agence fédérale desmédicaments et produits de santé (AFMPS). Ce LAGC-AIM est principalement associé aux implantsmacrotexturés de la marque Allergan® mais son origine exacte n’est pas encore bien élucidée. La distribution de ces implants a été stoppée dans le monde entier, dont la Belgique. Seule la France a pris la solution radicale d’interdire tous les implants texturés. Si la Belgique, les États-Unis,l’Australie et le reste de monde continuent à proposer des implants texturés d’autres marques à leurs patientes, que ce soit pour certaines indications esthétiques ou des reconstructions aprèscancer du sein, c’est bien qu’ils offrent des avantages par rapport aux implants lisses. Par contre,le risque de LAGC-AIM est rare. Environ 600 cas rapportés dans le monde pour environ 20 millionsd’implants posés. En Belgique, 12 cas sont à déplorer, toutes en rémission. C’est heureusement très peu par rapport aux 10.000 nouveaux cas de cancer du sein annuels en Belgique. Correctement diagnostiqué (gonflement soudain du sein, tuméfaction menant à une ponction- biopsie) et traité, le pronostic du LAGC-AIM reste excellent. Nos patientes sont bien entenduinformées de ce risque comme nous l’impose la loi de 2013 4 à laquelle la RBSPS a d’ailleurs contribué. Les patientes porteuses d’implants doivent se faire suivre annuellement par leurchirurgien ou le revoir plus tôt en cas de gonflement liquidien ou de tuméfaction anormale dans le sein. Il n’y a pas d’indication de retrait préventif et systématique des implants.

« ... le silicone des implants se répand dans le corps et provoque des dommages considérables à l'organisme ... » [sic].
Ne faisons pas ici d’amalgame et de généralisation. Certaines pratiques médicales dangereuses - notamment en Amérique Latine, Russie, Asie ou au Moyen-Orient - , ont vu injecter du siliconeliquide dans le visage, les fesses ou les seins de patientes. Ce n’est évidemment pas un acte sûr et validé par la RBSPS mais certaines de ces patientes sont arrivées et ont été traitées chez nous. Par contre, les implants mammaires de dernière génération contiennent un silicone cohésif, lui-même isolé dans une enveloppe multicouche. Comme tout implant médical, la durée de vie d’une prothèse mammaire est limitée, de l’ordre moyen de 10-15 ans. Une fois celle-ci usée, elle doitbien entendu être remplacée dans un délai raisonnable avant que le silicone n’aille au-delà de la capsule périprothétique - sorte de cicatrice que le sein a formé autour de lui - et n’infiltre les tissusvoisins. Mais de là à trouver des emboles de silicones dans d’autres organes ...

3 Ameratunga R., Langguth D., Hawkes D. Perspective: Scientific and ethical concerns pertaining to animal models of autoimmune/autoinflammatory syndrome induced by adjuvants (ASIA). Autoimmunity Reviews. 2018 ; 17 (5), 435-439.
4 23 MAI 2013. - Loi réglementant les qualifications requises pour poser des actes de médecine esthétique non chirurgicale et de chirurgie esthétique [et réglementant la publicité et l'information relative à ces actes] <L 2014- 04-10/23, art. 177, 002

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La RBSPS déplore ce mode d’investigation à faire pâlir certains tabloïds britanniques, programmée « à charge », avec un « appel à témoins » dont le biais est évident. Une telle manière d’informer est indigne d’une chaine publique qui ne doit pas chercher à faire de l’audience à tout prix, au détriment de nospatientes. On attendait plutôt une mise au point qui clarifie une polémique plutôt que de l’entretenir. Après une telle émission, le syndrome ASIA, s’il devait exister, sera renforcé par l’effet nocebo.

Au nom du Conseil d’Administration de la Royal Belgian Society for Plastic Surgery (RBSPS)

Dr. Jean Van Geertruyden, President RBSPS Pr. Moustapha Hamdi, Past President RBSPS Dr. Gaëtan Willemart, Past President RBSPS

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Concernant la Société Royale Belge de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique

La Société Royale Belge de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (RBSPS) est l'organisation la plus représentativepour la chirurgie plastique tant reconstructrice qu’esthétique de notre pays. Son objectif premier est de veiller sans cesse audéveloppement de la chirurgie plastique en Belgique. Elle s’attache ainsi à l’enseignement et à la diffusion des connaissances, que ce soit auprès du corps médical ou auprès du grand public. La RBSPS compte à ce jour 253 membres. Elle est gérée par un comité exécutif présidé par le Dr. Jean Van Geertruyden.